2 milliards de dollars, c'est le montant des contrats signés par l'ex Premier ministre irakien, lors de sa visite historique de cinq jours à Pékin en 2019, lesquels contrats lui ont valu d'ailleurs une longue période de tentative de déstabilisation US avant qu'il ne finisse par céder sa place à la tête du gouvernement au PM Kazemi ! Mais la Chine a-t-elle été pour autant bloquée?
Certes l'ex-chef du renseignement d'Adel Abdel Mehdi, reconverti en Premier ministre, ne s'est pas démarqué par ses goûts pro-russe ou pro-chinois. N'empêche que les dès semblent déjà avoir été jetés, plus de 17 ans de présence US dans les différents secteurs économiques irakiens ayant été marqués surtout par de méga-impasse : l'Amérique est inquiète, puisque Pékin se pointe du nez en Irak et il y retrouve des échos fort favorables.
De nouveaux rapports font état des pressions et des tentatives de chantage américain contre Bagdad dans le sens d'une suspension des accords de coopération conclus avec la Chine dont la valeur s’établit à quelques 500 milliards de dollars. Et pas n'importe quel accords ! les deux parties se sont engagés à coopérer dans le domaine de la finance, du commerce, du génie civil, mais aussi et surtout dans le secteur de la sécurité, de communications.
La culture et l'éducation occupent elles aussi leur place. Un pays comme l'Iran avec des dizaines de bases militaires US, déjà fortement défiée par une Résistance irakienne qui a juré de mettre à la porte les assassins des Irakiens, constitueraient évidement une cible idéal pour Huawei ou encore des GPS chinois. En 2019, ce fut un choc pour les Américains d'apprendre la conclusion des accords « stratégiques » entre Bagdad et Pékin puisque cela voulait dire une propension de l'Irak «Vers l'est».
Au cœur de l'accord réside cette clause sur les Finances qui prévoit l'ouverture d'un compte conjoint entre Bagdad et Pékin, déjà ouvert, et par où l'Irak puisse vendre 100 000 barils de pétrole par jour à des entreprises chinoises. C'est le mécanisme préventif sino-irakien contre d'éventuelles sanctions US et selon des sources, à l'origine des désarrois les plus terribles à Washington. Puis vient le commerce sino-irakien auquel l'accord fournit de multiples terrains de coopération.
La Chine a aussi visé le secteur des infrastructures et des services, des réseaux de distribution d'eau, des routes et des ponts, et s'est engagée à construire de grands hôpitaux et des centres de formation, des écoles et des universités. Les Américains craignent comme la peste de ce que la Chine s'empare aussi des réseaux de communications et de la télécommunication irakiens qu'on sait totalement placés sous le contrôle US et de la CIA. Pékin s'est aussi engagé à aider l'Etat irakien à contrer la corruption en assainissant le système de distribution des fonds. Et puis les terres fertiles de Mésopotamie ne demandent à ce que les investissements chinois et une modernisation qui ne pourra avoir lieu tant que les USA seront là.
5 mois après le départ d'Adel Abdel Mahdi, que peut faire l'Amérique contre l'accord? Les Américains cherchent à persuader le nouveau gouvernement al-Kazemi de tourner le dos à l’accord avec Pékin et ils n'hésitent même pas à le menacer. Mais est-ce suffisant?
Les 17 années de la présence des entreprises américaines s'est soldées par des coupures d'électricité en plein été, la coupure d'eau potable, la défaillance de l'agriculture, et le recul de l'industrie et ceci, Kazemi ne peut le renier, surtout que « le Parlement veut faire de la Chine un partenaire économiques en lieu et place d'une Amérique qui n'a rien fait si ce n'est que de créer des problèmes pour l'Irak », affirme un élu de la coalition Fatah au Parlement irakien, Fadhil al-Jaber : « Washington s'oppose à la mise en vigueur de l'accord économique Irak/Chine dans le sillage de leur guerre froide avec Pékin. Mais ce faisant c'est la souveraineté irakienne qu'ils défient. Le Premier ministre ne saurait dissuader le Parlement d'un accord stratégique qui changera l'avenir du pays ou alors s'il veut le faire c'est envers et contre le peuple. »
Pékin est le plus grand rival économique de Washington dans le monde et en particulier au Moyen-Orient, et le fait qu'il commence à avoir une présence en Irak inquiète les Américains, déjà largement préoccupés dans une féroce bataille contre l'Iran, allié traditionnel de l'Irak. Depuis que l'Iran a annoncé vouloir signer un pacte stratégique avec la Chine, les USA s'inquiètent davantage. Les Irakiens ont prouvé qu'ils finiraient toujours par préférer leur environnement immédiat aux forces extérieures. L'Iran est au cœur de cet environnement et a Chine a toute les chances de s'y greffer.
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